Cette jeune activiste pour les droits des femmes et des enfants n’a pas attendu l’âge de 20 ans pour s’engager dans son pays : la Guinée. Présidente du parlement des enfants et présidente fondatrice du club des jeunes filles leaders en Guinée, ses multiples combats et revendications ne se comptent pas sur les doigts de la main. Elle dénonce les mutilations génitales, les violences domestiques, le mariage précoce, la polygamie, la violence sexuelle, l’exploitation des enfants et bien d’autres injustices.
Le 8 mars 2018, lors de la journée internationale des femmes, cette guinéenne âgée de 18 ans organise avec ses camarades, une manifestation à Conakry afin de défendre leurs droits qui ne cessent d’être bafoués au sein de ce pays. Mais très vite, le rassemblement est écourté par les autorités et un vent de panique s’installe dans la capitale. Intrépide, elle ne faillit devant les gaz lacrymogènes. Au contraire, devant les journalistes, elle prend cette violence à témoin pour dénoncer les difficultés rencontrées par les enfants et les femmes de son pays.
Méconnue en Europe, cette vidéo dévoile le visage de cette femme déjà perçue comme un modèle inspirant pour la jeunesse africaine. Retour sur le parcours et le combat d’Hadja Idrissa Bah.
« Malgré tous les efforts fournis par les acteurs du droit de l’enfant, aujourd’hui le résultat reste le même ! »
Anciennement sous le joug colonial français, la république de Guinée prend officiellement son indépendance en 1958. Ce pays d’Afrique subsaharienne est aujourd’hui pointé du doigt par diverses associations et la communauté internationale pour violation des droits de la femme et de l’enfant. Les chiffres témoignent de la situation alarmante du pays. On estime que 96 % des femmes ont subit des mutations génitales ; ce qui en fait le 2ème pays du classement mondiale après la Somalie. Mais ce n’est pas tout, comme le révèlent quelques indicateurs inquiétants :
- 63 % des mariages sont forcés et 1 femme sur 2 est mariée avant 16 ans
- 77 % du milieu scolaire est atteint de violence
- 49 % de la population subit des violences sexuelles
- 89% de couples avouent subir des violences conjugales
Néanmoins, comme Hadja Idrissa Bah le souligne, « La Guinée a adhéré, adopté et ratifié la quasi totalité des textes internationaux protégeant les droits fondamentaux des femmes ». De plus, le pays a entériné la convention des droits des enfants stipulant l’interdiction des mariages des mineurs et intégré dans sa constitution les textes relatifs à l’égalité des sexes. Alors comment se fait-il, que ce fléau persiste au sein de la société guinéenne ?
« Un enfant bien protégé est une ressource pour le pays »
La loi n’est pas convenablement appliquée pour diverses raisons. Tout d’abord, faute de communication, l’état a souvent omis d’éclairer ses citoyens sur les droits qu’ils disposent. De plus, les traditions et les croyances influent sur la conscience générale, justifiant alors le recours à ces pratiques. « Dès qu’elles atteignent l’âge de la puberté, on donne rapidement ces petites filles en mariage par peur qu’elles ne perdent leur dignité, leur virginité et pour préserver l’honneur de la famille » explique-t-elle.
Les répercussions sont multiples. On constate que ces jeunes femmes souffrent dans de nombreux cas de séquelles physiques et physiologiques. Abandonnant leur scolarité, pour subsister, elles sont forcées de se tourner vers la mendicité ou d’accepter un travail ingrat où elles se font exploiter. Enfin, le mariage forcé nuit à leur émancipation et leur épanouissement condamner à la privation de leur liberté fondamentale.
« Je veux que l’Afrique soit une référence dans le monde»
Le combat qu’elle mène se manifeste tôt dans sa jeunesse. En effet, elle comprend vite ce que veut dire être une femme en Guinée et se rêve alors avocate pour les droits des enfants et jeunes filles. Soutenue par ses parents, elle intègre à 13 ans le parlement des enfants, qu’elle présidera par la suite. Son engagement citoyen se poursuit en devenant présidente fondatrice des jeunes filles leaders en Guinée.
« Porter la voix des sans voix de son pays et du continent Africain » tel est son dessein. Son arme de lutte : parler, dénoncer et sensibiliser au travers d’interventions dans les médias, dans des conférences ou des manifestations. Elle préconise un soutien accru dans le système éducatif afin que les jeunes deviennent un moteur de changement et de progrès. Parler du développement nécessite selon elle, la construction d’écoles, de centres de formation et d’hôpitaux, et plus globalement d’infrastructures pouvant subvenir aux besoins de la population. Pour finir, Hadja et son club des jeunes filles leaders de Guinée interviennent auprès des jeunes les ayant sollicités. Son ambition : « Une Afrique comme référence dans le monde ». Espérons que son combat portera ses fruits !