Originaire de Monrovia, au Liberia, Abraham Keita, 18 ans, se bat depuis près de dix ans maintenant pour les droits des enfants dans son pays et à travers le monde. Manifestations pacifiques, marches et conférences rythment le quotidien du jeune activiste.
Dix-huit ans. Et déjà tellement de vécu. Maltraités, abusés, ou encore battus — en particulier lors de la guerre civile au Liberia ainsi que lors de l’épidémie Ebola —, les enfants du Liberia perçoivent une onde d’espoir en la personne d’Abraham Keita. Récompensé de l’International Children’s Peace Prize, du Child Rights Advocate Award par l’Union of Liberian Associations in America et du Most Influential Young Liberian, il est plus que jamais le symbole de la lutte pour les droits des enfants.
Actif depuis ses neuf ans…

Né le 21 avril 1998 à West Point (Monrovia), en pleine guerre civile, le jeune Abraham n’a pas connu une enfance aisée. Alors qu’il n’a que cinq ans, Abraham perd son père tué en pleine expédition humanitaire. C’est seul, avec sa mère et quelques membres de sa famille, que le jeune garçon doit se battre pour survivre dans les bidonvilles de West Point, où pauvreté, maladies et abus sexuels ne sont que trop présents.
Une réalité dont se rend vite compte le garçon. Mais c’est à neuf ans que le déclic se produit : en 2007, Angel Togba, une jeune fille âgée de treize ans, est sexuellement abusée puis tuée par ses parents. Jusqu’à aujourd’hui, ce crime est resté impuni.
« Cela m’a fait comprendre que j’avais besoin de parler pour les enfants, surtout les filles, dont les droits doivent être promus et respectés afin que personne ne puisse en profiter. » – A. Keita
À partir de ce moment-là et du haut de ses neuf ans, Abraham décide qu’il est temps pour lui de s’engager dans la lutte pour les droits et la protection des enfants.

Depuis 2007, Keita se donne corps et âme pour dénoncer les atrocités que subissent les enfants de son pays : manifestations, marches pacifistes, rédaction d’articles, discussion avec des jeunes, distributions de flyers, passage à la radio,… rien ne l’arrête !
Salué par tous
En 2012, ses efforts payent : le Liberia devient l’un des premiers pays en Afrique à adopter des lois pour la protection des enfants, lois qui incluent la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et la Charte africaine. Et les choses continuent de bouger puisque le gouvernement libérien a récemment libéré 150 enfants de prisons. Une action à laquelle Abraham peut s’attribuer du mérite, et qu’il a d’ailleurs saluée.
Trois ans plus tard, il est invité à la cérémonie organisée par la fondation KidsRights récompensant des mineurs engagés pour les droits des enfants. Récompensé, il y déclare : « Cette récompense est un symbole d’espoir pour les enfants de ma communauté, de mon pays et dans le monde. Au Liberia, les enfants sont des victimes de la guerre civile, de la pauvreté, de la corruption et des violences. Si vous donnez la justice aux enfants, vous donnez la justice au monde entier. »
Doté de 100.000€ lors de la cérémonie, Abraham ne peut que se réjouir de la route parcourue jusqu’ici. Il reste néanmoins conscient du fait qu’il y a encore beaucoup à faire pour changer la donne. Déterminé, ce change maker a choisi d’en faire le combat d’une vie : pour un monde meilleur, et pour des enfants plus libres.
« Je resterai un arbitre pour faire en sorte que le Liberia devienne un pays où les droits des enfants sont respectés et promus, où les possibilités sont offertes aux enfants. C’est l’espoir avec lequel je vis. »

« Il s’agit là d’un jeune champion de la justice et d’un modèle pour les enfants du monde entier. »
— Ban Ki-moon, ex-secrétaire général des Nations unies« Je vois en lui un véritable change maker : se battant pour mettre fin aux violences extrêmes à l’encontre des enfants. »
— Leymah Gbowee, Prix Nobel de la Paix (2011)
Sources: