Alors que les perturbations sur la circulation routière sont de plus en plus nombreuses, deux jeunes étudiants en communication, Thomas Hermine et Margaux De Ré, ont créé une application pour renseigner les usagers de transports en commun. Quatre ans plus tard, le succès de Nextride est à son apogée.
« Nous avons imaginé l’étudiant dans sa campagne, à l’arrêt de bus depuis une heure, sans nouvelle ni information de son bus ». C’est l’idée qui a servi de base au projet de l’application. Cette image n’est pas très différente de celle de ses fondateurs. Thomas et Margaux étaient tous deux étudiants et grands utilisateurs de transports publics lorsqu’ils ont créé Nextride, cette application mobile permettant aux usagers d’être informé sur les horaires et les perturbations des bus. « Nous trouvions honteux qu’il n’y ait toujours pas d’application pour nous renseigner nos horaires à l’ère du smartphone, ce qui nous obligeait à transporter toujours avec nous un document PDF en poche », explique Margaux. Les étudiants sont d’ailleurs les premiers visés par ce projet : à ce jour, 1 jeune sur 7 s’informe des horaires de bus/métro sur leur smartphone.
Fondé en décembre 2012, Nextride a rapidement évolué pour voir son concept s’élargir en avril 2014. Les usagers signalent désormais les événements sur le trajet, les éventuels retards voire même les suppressions.
Des chiffres qui en disent beaucoup :
500 000 installations en Belgique
50 000 utilisateurs mensuels
2 000 000 sessions mensuelles
1 sur 22 personnes utilisent Next Ride
Nextride, comment ça marche ?
Les transporteurs ne communiquent pas toujours parfaitement avec leurs clients. C’est à ce moment-là que l’application prend toute son importance. Nos entrepreneurs se positionnent du côté des usagers – en Wallonie et à Bruxelles – et veulent pallier au problème auquel ils ont souvent été confrontés. Ils réfléchissent comme des usagers et conçoivent ce projet comme tel. Horaires, itinéraires et rappels sont les bases de cette application. Son atout est, en outre, la possibilité de consulter le site en toute sécurité même lors de situations plus compliquées — comme les grèves de bus, par exemple. Un usager prévient d’un retard de bus sur l’application : si son signalement est confirmé par d’autres utilisateurs, il est vérifié. Dans le cas inverse, il disparaît de la page.
Ce résultat n’a pas abouti sans difficulté. Ce projet demandait du temps, un élément précieux pour des étudiants, surtout en dernière année. « Il a fallu consacrer nos heures libres et le week-end également à notre projet. Et il n’était pas évident de faire comprendre aux autres qu’il s’agissait d’une vraie activité », se désole Margaux De Ré. « D’autres difficultés se sont présentées au niveau financier », reprend-elle, « les frais de serveur et les infrastructures techniques coûtent 300€/mois et il fallait qu’on les avance. Nous avons utilisé la publicité pour couvrir ces frais. Plus l’application comportait d’utilisateurs, plus il fallait augmenter la taille du serveur, et son prix par la même occasion. Nous avons ensuite opté pour un partenariat avec la société Orange – anciennement Mobistar – qui proposait des articles sur la téléphonie, un contenu plus intéressant et moins envahissant ».
Et à l’heure actuelle, Nextride ne manque pas de soutien. Un incubateur de start-up apporte son soutien matériel, mais aussi moral, en coachant l’équipe sur les aspects financiers et en leur faisant part de conseils professionnels.
« On est convaincus de ce que l’on fait, on en parle avec notre cœur »
« Nous voulons aider au quotidien » confesse Margaux, la community manager de l’équipe. Ce dévouement est visible lors de grands événements tels que les grèves, qui génèrent beaucoup de perturbations dans la circulation routière. L’équipe composée au total de quatre personnes se relaye pour renseigner ses utilisateurs tout au long de la journée. Nextride n’étant pas leur principale activité, ils s’organisent quotidiennement afin d’alimenter l’application en continu.. quitte même à prendre congé à leur propre travail quand il le faut.
Un avenir audacieux pour Nextride
Étant donné que cette jeune équipe n’a toujours pas d’homologue en Flandre, il serait envisageable que Nextride s’étende au nord du pays, mais ce développement « risquerait » de doubler le nombre d’utilisateurs, en provoquant un blocage du site par la même occasion. En somme, l’équipe devra s’agrandir, une éventualité envisageable à plus long terme.
Comme pour tout ce qui marche, les usagers pourraient craindre que l’application devienne payante, mais la jeune entrepreneure rassure les abonnés : « Nous avons un problème éthique à faire payer les gens pour y accéder, car il s’agit en partie de données publiques ».
Toutefois, le projet est de plus en plus fort, le partenariat avec le TEC et la STIB en est la preuve.