Young Change Maker a organisé le 18 novembre dernier un événement intitulé « Full Spectrum Climate Resistance ». Celui-ci était sous forme de workshop et fait suite à une profonde prise de conscience au sein de l’équipe de Young Change Maker.
Ces derniers mois, plusieurs marches pour le climat ont eu lieu à Bruxelles et ailleurs en Belgique. Le nombre et la fréquence de ces marches s’intensifient à travers le monde. Le 29 mars 2019, le lendemain d’une marche rassemblant près de 100.000 personnes, le parlement Belge rejetait la Loi Climat.
A une échelle individuelle, chacun effectue des efforts au niveau de sa mobilité, de son alimentation, des déchets rejetés. Si à l’échelle globale, ces gestes peuvent paraître insignifiants, Young Change Maker les salue mais souhaite tout de même un impact plus grand face à l’urgence climatique grandissant. Notre équipe a notamment participé à l’événement d’Extinction Rebellion le 12 octobre dernier à Bruxelles et a été confronté aux violences policières. 400 arrestations ont eu lieu ce jour. Nous avons été témoin de l’injustice et des violences commises par les forces de l’ordre face à une communauté entièrement pacifiste , qui souhaite devenir acteurs du changement climatique.

Résistance au système
« On parle de résistance, de lutte pour le climat, de combat. Aujourd’hui, on assiste à une situation inconcevable, on en parle depuis des dizaines d’années sans qu’il y ait une réaction de la part des autorités politiques. Mais dorénavant, nous n’avons plus le temps, il n’y a plus de place pour une transition, déclare le co-fondateur de Young Change Maker, Célestin de Wergifosse. On doit montrer de la résistance par rapport à un système qui ne semble pas vouloir changer. A titre d’exemple, 100 entreprises représentent 71% des émissions globales de CO₂. Le système est conforme à leur modèle, pourquoi voudraient-ils changer ? D’ailleurs, les cinq plus gros groupes pétroliers ont dépensé un milliard de dollars de lobbying pour discréditer les accords de Paris ».
Young Change Maker a donc décidé de mettre en place cet événement. Pour ce faire, elle s’est inspiré d’un livre (et d’une série de podcasts) « Full Spectrum Resistance » d’Aric Mcbay. Dans celui-ci, on explique que la résistance peut se matérialiser par des multitudes de stratégies : la désobéissance civile, la sensibilisation, les efforts individuels, les actions de blocage, etc. L’ensemble de ce spectre doit être exploité car toutes ces stratégies ont un objectif convergent. Voici donc l’objectif de cette série de workshop que nous mettons en place : présenter les stratégies, les développer et inspirer un maximum de personnes à y prendre part.

Les intervenants – pour son événement, Young Change Maker a donné la parole à trois intervenants
Xavier Damman – Extinction Rebellion
Xavier Damman a pris conscience de la situation climatique notamment grâce à la médiatisation et aux actions de Greta Thunberg. « Elle a une façon directe et vraie de parler du problème ». Il explique sa démarche : « J’ai participé aux marches pour le climat et je me suis rendu compte que je n’étais pas seul dans cette lutte ». L’entrepreneur a ensuite rejoint Extinction Rebellion Belgium. « Quand le système arrête 400 personnes qui n’étaient pas méchantes, tu sens que tu fais partie d’un réveil citoyen. Le mouvement d’Extinction Rebellion a commencé y a un an à Londres, il s’agit d’un mouvement de désobéissance civile non-violent. Nous voulons que toutes les décisions importantes soient prises par des assemblées citoyennes. On veut plus de démocratie. Nos parlements ne représentent pas notre population. On propose de prendre un échantillon au hasard de la population, que l’on mettrait ensuite dans une assemblée citoyenne devant un panel d’experts qui va leur expliquer les problèmes de la société. Nous ne sommes pas un mouvement pour ou contre une chose, on veut juste changer la manière dont les décisions sont prises, en passant notamment par des experts ».
Xavier Damman évoque les combats sociaux du passé : « les marches et pétitions n’ont jamais suffi à changer les lois. Il a toujours fallu de la désobéissance civile, il a fallu forcer un peu pour arriver au changement. Nous sommes convaincus que la lutte sociale et climatiques se rejoignent ».

Julien Maertens – Zone à Défendre (ZAD)
Julien Maertens qui fait aujourd’hui partie du mouvement « Zone à Défendre » (ZAD) a toujours été touché par les problèmes sociaux. « Le déclic m’est venu quand j’ai remarqué la réponse violente de l’Etat face à un bâtiment vide que l’on voulait mettre à disposition des personnes sans-abri.
La ZAD, Julien Maertens la définit comme une vie en communauté dans laquelle les habitants vivement de manière autonome, fonctionnent grâce à une économie collective et indépendamment des produits venus des quatre coins du monde.
« Si on veut protéger l’environnement, il faut empêcher sa destruction partout, d’abord chez nous. Nous l’avons fait avec la Sablière à Arlon. Les Arlonais ont déjà tout essayé, ils ont fait signer des pétitions, ont interpellé le conseil communal, mais rien n’a fonctionné… Finalement, les Arlonais ont fait un appel à construire une ZAD. Alors, des citoyens qui ne sont pas forcément arlonais sont allés habiter sur cette zone pour la protéger.
Julien Maertens défend l’idée qu’il faut multiplier les ZAD : « ce sont des espaces d’autonomie collective, ce sont des espaces de lutte et des lieux de rencontre ». Le risque aujourd’hui, comme le craint notre interlocuteur, c’est que l’Etat puisse délégitimer les ZAD pour pouvoir les déplacer. « La ZAD est le foyer de la résistance, malgré toutes ses imperfections ».

Yannis Bakhouche – Association pour la solidarité étudiante en Belgique (ASEB)
Yannis Bakhouche a créé l’Association pour la solidarité étudiante en Belgique il y a huit ans pour lutter contre la précarité étudiante et le gaspillage alimentaire. Son modus operandi : redistribuer les invendus des grandes surfaces aux étudiants en difficulté.
Il a eu le déclic alors qu’il était lui-même étudiant en 2011 : « j’ai rencontré des étudiants qui me disaient qu’ils mangeaient qu’un seul morceau de pain par jour. C’était une période où je me posais beaucoup de questions. J’ai remarqué un jour que des commerçants jetaient plein de sac avec de la nourriture à la rue. Pourtant, une fois que des sans-abris voulaient récupérer cette nourriture jetée, ils appelaient la police car cela renvoyait une mauvaise image de l’enseigne ». Les grandes surfaces doivent en effet suivre un cahier des charges, et pour des mesures d’hygiène, elles doivent jeter certains produits après une date limite. C’est également une question de stockage en fonction de l’espace disponible. En Belgique, on gaspille environ 352 kilos par personne par an. Or, détruire les invendus coûte plus cher que produire ces produits.
Yannis Bakhouche est allé à la rencontre de ce commerce en question pour lui proposer une convention : on vient chercher les invendus à 19 heures et on en fait des paniers alimentaires pour les étudiants précarisés. Aujourd’hui, l’ASEB emploie deux chauffeurs et un employé administratif. « Chaque année, on sauve plus ou moins 300 tonnes de produits invendus : de la charcuterie, des produits laitiers, des fruits et légumes de bonne qualité. Nous demandons seulement quatre euros de participation symbolique aux étudiants et ils ont entre 20 et 30 produits chaque semaine dans leur panier ».

Et sans oublié le catering du networking 😉