Rien ne prédestinait Williams Kemadjou à remporter la médaille d’or du meilleur ouvrier de France en métallurgie. Ce jeune camerounais, après avoir connu l’enfer, revient sur son parcours atypique.
Williams Kemadjou Tchatchou est un jeune camerounais de 18 ans. Abandonné par son père, il a dû très tôt subvenir aux besoins de sa famille. À 11 ans, il part pour Douala chez son oncle ou il enchaîne les petits métiers sur les marchés, mais son oncle décède. Ne voyant plus aucun avenir pour lui au Cameroun et ne se doutant pas encore de tous les obstacles qui l’attendaient, il décide de partir pour la France, où il n’y a pas la barrière de la langue.
De l’Afrique Subsaharienne à Melilla
Son périple — qui prendra fin à Brest —, commence en janvier 2014. Toutefois, l’Afrique est vaste, il traverse le Niger, l’Algérie et le Maroc en usant de tous les moyens possibles : Moto, voiture ou encore à pied. Rien n’atteint la détermination de ce jeune homme en quête d’un avenir meilleur.
Arrivé à Melilla, enclave espagnole située au Maroc, il doit s’y reprendre par trois fois avant de réussir, avec d’autres migrants, à passer cette frontière de fils barbelés haute de 7 mètres.
La déception parisienne
Après deux mois d’attente dans un camp de migrants, il est autorisé à traverser la Méditerranée en direction de l’Espagne. Il y travaille quelque temps pour pouvoir se payer son trajet en car vers là France. Il arrive ensuite à Paris, à la rue, sans argent et n’ayant que les restos du cœur comme ressource, c’est un peu par hasard qu’il se retrouve à la gare Montparnasse où le premier train à quai l’emmène à Quimper. Perdu dans cette ville qu’il ne connaît pas, on lui conseille d’appeler 115 qui le renvoie vers la Commission départementale d’aide sociale (CDAS) du Finistère. Pris en charge, il est placé en famille d’accueil puis déplacé vers un foyer pour mineurs isolés.
La médaille d’Or
En parallèle, il suit des cours au lycée Vauban et entame en septembre 2015 un CAP Serrurier métallier. Son professeur, impressionné par ses résultats, lui propose de passer le concours des olympiades des métiers se déroulant à Saint-Brieuc. Pas encore diplômé, mais très talentueux, c’est avec une fierté immense qu’il remporte la médaille d’or.
Loin de s’arrêter en si bon chemin, Williams souhaite désormais participer aux finales nationales et représenter la France. Ce jeune homme courageux, qui a abandonné famille et repères peut être fier du parcours qu’il a réalisé. Il ne lui manque plus qu’une régularisation et son palmarès sera complet. Un rendez-vous avec la préfecture a été fixé.