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En Inde, Sophia Ashraf utilise le rap comme arme contre les multinationales

Sophia Ashraf est une jeune rappeuse indienne de 30 ans pleine de convictions. Avec sa musique, elle mène un combat contre les grandes entreprises non respectueuses de l’environnement et des droits de l’homme. 

Originaire de Chennai, Sophia Ashraf — née dans une famille de confession musulmane, se fait connaître en 2008 et devient « la rappeuse en burka ».  Mais, « l’Islam ne fait plus sens » chez elleelle se consacre alors à un tout autre combatSoucieuse de l’environnement et des conditions de travail des employés indiens, elle sort en juillet 2015 un titre engagé, inspiré du célèbre « Anaconda » de Nicki Minaj. À travers ce rap, elle dénonce la catastrophe d’Unilever : la contamination au mercure de Kodaikanal, une petite ville au sud de l’Inde où la multinationale produisait des thermomètres. Selon le New Indian Express, cette catastrophe a tué 45 personnes et 12 de leurs enfants, sans compter les maladies graves qu’elle a entraîné. Malgré plusieurs protestations, Unilever n’a jamais reconnu ses responsabilités et encore moins dédommagé les victimes…

Un morceau retweeté par Nicki Minaj

Ulcérée, Sophia Ashraf décide que cette histoire ne s’arrêtera pas là. Cette fois-ci, la multinationale devra payer — et si ce n’est pas avec de l’argent, ça sera par sa réputation. Elle partage alors son titre Kodaikanal Won’t  pour dénoncer la catastrophe sanitaire d’une part, mais également en soutien à l’ONG Jhatkaa, qui demande aux multinationales d’assumer leurs responsabilités et de garantir des conditions de travail dignes pour les employés. Aujourd’hui, son titre totalise près de 4 millions de vues et a même été retweeté par Nicki Minaj, ce qui lui a permis de gagner en visibilité.

Véritable militante 

Loin de s’arrêter là,  la rappeuse indienne a également enregistré un titre pour dénoncer la catastrophe de Bohpal, véritable scandale sanitaire qui a causé, en 1984, la mort 20.000 personnes. Encore une fois, son titre s’inspire d’une musique connue.

Après avoir été contraint de fermer son usine suite à la contamination et le déversement de déchets toxiques dans la nature, Hindustan Unilever Limited (HUL) vient finalement de passer un accord avec les employés indiens qui l’accusent de contamination. Après plus de 10 ans, le groupe a accepté de verser une indemnisation aux employés affectés. L’association a dès lors retiré sa plainte.