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Dawala, l’homme derrière Maître Gims, producteur numéro 1 de hip-hop en Europe

26 janvier 2013. C’est la consécration pour la Sexion d’Assaut : le groupe de hip-hop français vient d’être récompensé lors des NRJ Music Awards dans les catégories « groupe/duo francophone de l’année » et de la « chanson francophone de l’année ». Aux côtés des membres du groupe se tient un homme, grand, imposant, casquette sur le front. Il s’agit de Dawala. C’est lui qui tire les ficelles du Wati B, le label de production derrière le succès du groupe.

Sexion d'assaut

C’est sans aucun doute l’un des grands Monsieurs de l’industrie musicale en France. Rappeur, producteur et entrepreneur, Dawala (de son vrai nom Dadia Diakité), est le père du label Wati B, un holding qui ne cesse de gravir les échelons depuis plusieurs années maintenant. Universal Music France a beau avoir « vendu deux millions de Racine Carré avec Stromae, si on additionne tous nos projets, c’est bien plus : 3 millions d’exemplaires de L’Apogée de Sexion d’Assaut, plus d’un million pour les deux albums de Maître Gims, plus de 500 000 pour le dernier de Black M, Les Yeux plus gros que le monde… Nous sommes la structure hip-hop numéro un en Europe. » affirme-t-il.

Dawala, homme fort du Wati B
Dawala, homme fort du Wati B

Depuis plusieurs années, il gère d’une main de maître les affaires de l’entreprise. En témoignent les nombreux partenariats, et développements du label, qui ne s’étend plus seulement à la musique, mais également au sport, à la mode, et au cinéma. L’installation des bureaux du Wati B depuis 2013 chez Sony Music Entertainment (son distributeur et partenaire qui possède 30% de son capital), mais surtout le gros succès que connaissent depuis peu des artistes travaillant sous la coupole de son label (le duo The Shin Sekaï, mais surtout les machines à tubes Black M et Maître Gims) symbolisent la réussite du jeune Franco-Malien.

Un empire construit à partir de rien

Derrière tout homme qui a réussi, se cache un homme qui a agi” disait Pablo Picasso. Dawala en fait partie. Sans master ni bac, c’est seul et à partir de ses propres économies qu’il s’est construit cet empire. Mais pas sans embûches : « Je ne connaissais rien à la production, surtout au niveau administratif. Au début, j’ai fait beaucoup d’erreurs et j’ai perdu autant d’argent que j’en ai gagné. »

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Né à Paris en 1974, c’est pourtant au Mali — dans la région de Kayes — que grandit le jeune Dadia. Sa grand-mère l’élève avec son frère jusqu’à l’âge de onze ans, où il revient en France, dans le quartier de la Goutte d’Or, s’exprimant alors en soninké et bambara, mais sans un seul mot de français. Assez agité et turbulent, le foot l’aide à s’apaiser et à s’intégrer. C’est d’ailleurs là qu’il obtient son surnom, comme il l’explique dans les colonnes du quotidien Le Monde: “ “Dawala”, c’est l’association de Dadia, mon prénom, et de Awara, un mot que je disais sur le terrain pour “lâche le ballon”. Les quartiers sont ainsi, on y gagne des surnoms à toute vitesse.”

Les premiers pas dans l’industrie musicale…

Fin des années 90, alors que le rap français est en plein essor, Dawala, éducateur sportif à cette époque, enregistre une série de compilations de rap en indépendant sous le nom de PSG (“Pur Son de Ghetto”). Des compilations qu’il vend accompagnées d’une illustration de la Tour Eiffel et l’inscription “PSG“. Un carton auprès des touristes ! C’est plus tard, lorsqu’il rend visite à son père à Bamako, que lui viendra l’idée de nommer son label Wati B. ”Mon père habitait à neuf heures de voiture de Bamako et, sur la route, je vois écrit sur une cabine téléphonique : ouverte “warati bé” [« à tout moment »], et je le transforme en Wati B.” (source : Le Monde). Rentré au pays, Dawala contacte un graphiste, à qui il demande un logo inspiré de la célèbre marque Adidas, qui donnera le résultat que l’on connaît.

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Logo du label Wati B

S’en suit toute une période où il enchaîne les petits boulots afin de financer la production de ses compilations : vendeur en magasin, chauffeur de camions et de poids lourds, ou encore plombier, le tout en continuant le football.

C’est d’ailleurs lors d’un match de foot que Dadia rencontre Dry, membre du groupe de hip-hop Intouchable, dont il devient le manager et producteur entre 2001 et 2005.

 

Les débuts avec Sexion d’Assaut

Après le départ d’un des membres du groupe Intouchable, il continue de collaborer avec Dry et ensemble, ils repèrent de jeunes artistes afin de les produire. Un beau jour, ils décident de les regrouper: c’est le début de la Sexion d’Assaut.
« Je leur ai dit que ce serait difficile de les faire tous connaître et qu’en créant un seul groupe, leur force de frappe serait beaucoup plus grande. »

Dawala Maitre gims

Avec ces jeunes talents, Dawala y va petit à petit et prend le temps de leur expliquer comment fonctionne l’industrie musicale. Après quelques années de galère, les choses se font naturellement : leur premier « street » album L’Écrasement de Tête se vend à plus de 45.000 exemplaires. 350.000 exemplaires pour leur premier album, L’École des Points Vitaux. Leur deuxième album,  L’Apogée, est celui de tous les records : certifié disque d’or en 1 semaine, il s’écoule à plus de 500.000 exemplaires. Depuis, le groupe jouit d’une popularité qui n’en finit plus, s’offre 2 NMA et permet au label de Dawala de se développer de manière exponentielle.

Comme au foot, je suis l’entraîneur et le président, les artistes sont les joueurs

Aujourd’hui s’il en est là, c’est avant tout grâce à un travail acharné, et son sens inné de la gestion. C’est lui le « Wati Boss » et il ne manque pas de le rappeler. Chez Wati B les artistes restent à leurs places : « Comme au footje suis l’entraîneur et le président. Les artistes sont les joueurs. »

Ce qui fait la particularité de ce monsieur, c’est son envie de sans cesse réinvestir dans de nouveaux projets, dans de nouvelles idées. « Aujourd’hui, tout est dans le concept », dit-il. « Il n’y a pas de secret. Pour que ça marche, il faut faire entrer le public, les maisons de disques, les médias, dans un monde. »

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